Vous préparez une levée de fonds ? Voici 5 erreurs à éviter

levee fonds preparation

Vous êtes dirigeant·e d’une PME, d’une start-up innovante, d’une entreprise familiale ou d’une société en croissance ? La levée de fonds est une étape stratégique pour évoluer vers une nouvelle phase de maturité. Pourtant, nombreuses sont les entreprises qui se lancent sans préparation suffisante. Mauvais timing, partenaires mal choisis, gouvernance absente, valorisation irréaliste… Ces erreurs sont fréquentes et coûteuses. Elles entraînent dilution excessive, mauvaise valorisation, perte de contrôle ou désalignement stratégique.  Une levée de fonds réussie repose sur un équilibre subtil entre capital et dette, une structuration juridique maîtrisée et un alignement total entre besoins et financement. Dans cet article, nos experts vous livrent les 5 erreurs les plus fréquentes dans une levée de fonds d’entreprise, et les clés pour les éviter !

Erreur de timing dans une levée de fonds.

1. Se précipiter : lever trop tôt (ou trop tard)

Une levée de fonds mal anticipée peut nuire gravement à votre projet. Lever trop tôt, c’est s’exposer à une valorisation faible, à une dilution inutile, ou à des exigences contractuelles disproportionnées. À l’inverse, attendre trop longtemps peut conduire à une impasse de trésorerie, ou à des conditions d’urgence peu favorables.

Notre avis d’expert :

  • Définissez votre plan financier autour d’une vision consolidée à minimum 5 ans et des objectifs clairs à atteindre sur 12 à 24 mois : lancement de produit, croissance externe, développement international, automatisation, etc.
  • Levez des fonds uniquement lorsque vous pouvez justifier cette trajectoire par des preuves tangibles, des éléments concrets (prévisions chiffrées, PoC, projets validés, etc.)

Exemple concret : l’entreprise agroalimentaire wallonne BiocSol a structuré une levée de 5,2 M € moins d’un an après sa création, avec des investisseurs institutionnels (VIVES Partners, Agri Investment Fund, Invest BW). Elle n’a pu convaincre que grâce à des preuves de traction et un plan structuré sur 24 mois.

2. Négliger la gouvernance et la convention d’actionnaires

L’entrée d’un investisseur implique un changement de posture. Qui décide ? Qui contrôle l’information ? Que se passe-t-il en cas de désaccord stratégique ? Si vous ne cadrez pas cela en amont, vous laissez la porte ouverte aux conflits. La solution : prévoir une convention d’actionnaires.

Points à ne pas oublier dans votre convention d’actionnaires :

  • Règles de vote et de quorum ;
  • Droit de regard / veto sur certaines décisions ;
  • Reporting financier ;
  • Clauses de sortie (exit, drag-along, tag-along)

Conseil : une gouvernance solide inspire confiance et transparence, deux qualités que tout investisseur exige. Ces mécanismes sont donc attendus par les investisseurs.

3. Confondre séduction et exécution

Un pitch soigné ne suffira jamais à masquer une exécution faible. Les investisseurs, qu’ils soient privés ou publics, attendent des preuves, pas des promesses. Une équipe partielle, des hypothèses floues, un marché mal identifié sont des signaux d’alerte pour les investisseurs.

Notre avis d’expert :

  • Préparez un Business Plan réaliste et documenté, incluant vos canaux de distribution, votre stratégie de vente et le positionnement concurrentiel. Les investisseurs attendent un plan d’exécution plus qu’un beau storytelling.
  • Intégrez dès le départ des données chiffrées dans votre pitch : chiffre d’affaires projeté, marge, CAC vs LTV, volume cible, saisonnalité, etc. Un investisseur veut de la structure plus que du rêve.

4. Mal choisir ses investisseurs

Le choix de l’investisseur ne repose pas uniquement sur le montant qui vous est proposé. Ce n’est pas parce qu’un investisseur a de l’argent qu’il est bon pour votre projet. Un mauvais soutien stratégique peut ralentir votre croissance, créer des tensions, voire compromettre l’avenir de la société.

Notre avis d’expert :

  • Priorisez les investisseurs qui comprennent votre secteur et votre marché, qui peuvent ouvrir des portes (réseau, clients, partenaires, recrutement), et avec qui vous partagez une vision.
  • Privilégiez les acquéreurs qui vous aideront à structurer la gouvernance et qui vous accompagneront dans l’exécution. Une levée des fonds est une collaboration à long terme. Ne négligez pas l’humain.

5. Mal évaluer la valorisation de votre entreprise

Une valorisation irréaliste est l’un des pièges les plus fréquents. Trop haute, elle ferme la porte à de futurs tours. Trop basse, elle dilue inutilement les fondateurs. Et dans les deux cas, elle crée de la frustration.

Les erreurs classiques :

  • Valorisation basée sur le besoin à financer (au lieu de la valeur réelle)
  • Absence de comparables ou de logique de marché
  • Oubli des éléments intangibles dans le calcul

Bonnes pratiques :

  • Actualisation des cash flows (DCF)
  • Méthode des multiples sur chiffre d’affaires ou EBIT
  • Méthode “cost-based” (coût de reconstitution ou d’opportunité)
  • Modèles de valorisation différée avec clause de « ratchet » selon performance.

Les facteurs déterminants dans la valorisation d'entreprise dans le cadre d’une levée de fonds.

Foire aux questions (FAQ)

Est-ce que toutes les levées de fonds doivent impliquer une dilution ?

Pas forcément. Il existe des leviers de financement non-dilutif : prêts, subventions, avances récupérables. Un bon montage peut équilibrer capital et dette.

Comment savoir si c’est le bon moment pour lever ?

Pour le savoir, posez-vous ces trois questions :

  • Ai-je atteint des objectifs concrets ?
  • Mon besoin est-il bien défini ?
  • Ma structure est-elle prête à accueillir un investisseur externe ?

La gouvernance est-elle vraiment nécessaire dès le premier tour ?

Oui, dès le premier euro levé ! Une gouvernance structurée sécurise la relation investisseur, clarifie les rôles et protège les fondateurs comme les partenaires.

La convention d’actionnaires est-elle obligatoire même avec des amis ou proches ?

Absolument. Elle protège tout le monde, clarifie les engagements, et limite les tensions futures avec vos Business Angels. C’est un outil de stabilité, pas de méfiance.

Conclusion

Préparer une levée de fonds, ce n’est pas juste remplir un Excel ou faire un joli pitch deck. C’est une opération stratégique qui engage votre entreprise sur plusieurs années. Pour convaincre les bons investisseurs et construire une trajectoire pérenne, la préparation doit être rigoureuse, réaliste et alignée sur vos objectifs de croissance, vos besoins financiers et vos partenaires.